Femme de gemmes

Par Frédéric Fontaine - Photo Ambatondrazaka (Madagascar)

Le métier de gemmologue s’exerce rarement sans une passion authentique pour les pierres précieuses, une capacité à toujours s’étonner pour ce que la nature est capable de produire comme trésor minéral. A Madagascar, nous en avons une nouvelle fois fait l'expérience en travaillant avec une gemmologue du bout du monde, une femme qui met son talent de chasseuse de gemmes chevronnée au service de la société Dream Stones, leader local de la pierre précieuse de couleur.

Notre métier de gemmologue est aussi lié à l’amour des voyages et aux belles rencontres qu’ils autorisent. Cette semaine nous vous proposons le portrait en dix questions de Marie Daufresne, femme d’exception au service de la beauté des gemmes.

Les pierres sont au cœur de votre vie. D’où vous vient cette passion pour le monde des minéraux ?

Depuis toujours le minéral m’intrigue, sa couleur, sa poussée de millions d’années et son organisation cristalline parfaite en font pour moi des sujets de perpétuel questionnement.

Vous avez eu entre les mains toutes les pierres de Madagascar. Pour laquelle nourrissez-vous la plus grande émotion ?

Il n’y a pas de pierre en particulier qui retienne mon attention, elles ont toutes un intérêt. C’est un peu comme des personnes que l’on rencontre. On se fait une opinion mais au fur et à mesure que la rencontre devient plus profonde, on apprend à les apprécier de façon différente, pour leurs qualités : couleurs, brillance, éclat, pureté mais aussi pour leurs défauts. Défauts qui souvent appuient leur « personnalité » : une petite inclusion cristalline, une aiguille de rutile, un mini-givre dans un saphir, un nuage dans un ciel bleu qui fait que l’on se rend compte que le ciel est bleu ! C’est un peu comme l’humanité, plus on s’ouvre à la rencontre et plus on s’enrichit. Il existe certes quelques top-modèles magnifiques à la plastique parfaite, mais la pierre gemme plus commune, simple, « imparfaite » que le monde côtoie, apparaît tout aussi belle, intime et abordable. N’importe quelle femme doit pouvoir porter une de ces merveilles.

Les pierres qui m’attirent le plus sont les pierres gemmes qui sortent des codes de beauté.

Quelles sont les qualités pour faire un bon gemmologue ?

La passion dans ce métier est un élément très important, la curiosité ensuite, et la patience dans la recherche et l’observation.

La gemmologie de terrain, un métier à conseiller à une jeune fille ?

Oui, je crois que oui, mais ça dépend malgré tout du pays. Je n’ai pas encore une grande expérience du terrain en dehors de Madagascar. Je crois qu’il faut savoir s’adapter et ne pas toujours faire ce qui nous passionne le plus, parfois être en retrait et juste observer est une très bonne école aussi.

Etre femme dans ce métier apporte tout autant qu’un homme. Et lorsque la maternité devient un frein aux découvertes de terrain, libre à soi de se plonger dans  l’exploration plus profonde de la pierre elle-même, dans l’identification et le diagnostic de traitement.

Une pierre pour une bague de fiançailles ?

Sans hésiter un saphir, mais je ne précise pas la couleur !

Une anecdote liée à votre expérience malgache ?

La gestion d’un conflit autour d’un envoûtement « fanafody » au sein de mon équipe de lapidaires et de bijoutiers. Ca c’est bien terminé je vous rassure, bien que les odeurs de linceul exhumé et de poils de chèvre brûlés aient persisté longtemps dans les bureaux…

Nous avons été subjugués par la beauté de l'ile rouge. Pour vous quel est le plus beau paysage de Madagascar ?

Sans hésiter également : l’Isalo, au sud de l’île, à une quinzaine d’heures de voiture de la capitale, en première vue un monde minéral, immense roche de grès, énorme et grise, plantée au milieu d’une savane à la terre rouge. Lorsqu’on arrive en fin de journée sur ce roc qui sort de terre, où se mêlent le gris, le vert de la végétation autour et les couleurs chaudes du soleil qui décline, tout paraît irréel et majestueux.

Puis vient la deuxième découverte, plus intime, on entre à l’intérieur d’immenses canyons qui sillonnent le bloc ; cascades, arbres étonnants, lianes, sables et eaux claires et surtout une multitude de sons et d’odeurs extraordinaires.

Une découverte hors du temps.

Après trois années d'expatriation, une bonne adresse pour un touriste de passage ?

« Dream Stones » bien sûr, avec un passage obligé dans les ateliers de taille et de montage.

Une mauvaise adresse à éviter ?

Non, pas de mauvaises adresses. Attention seulement aux vendeurs de pierres peu scrupuleux pour les amateurs de gemmes. Et rien à voir, mais pour les estomacs fragiles, ne pas s’aventurer dans les gargotes locales….

Après Madagascar quels sont vos projets pour l'avenir ?

Je pars maintenant vivre au Cambodge avec ma petite famille. Je me rapproche doucement du centre nerveux de la pierre gemme, Thaïlande, Hong Kong, Vietnam et Laos. Ces pays ont pour moi de très belles perspectives de nouvelles découvertes : une nouvelle culture, une nouvelle nature, une nouvelle ouverture.

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