La fiancée de sciences Po

par Marjorie Thomas

Rendez-vous au « Fumoir », face au Louvre, mardi après-midi, 15 heures, j’ai un quart d’heure d’avance mais « ma fiancée » est déjà là qui m’attend au fond de son canapé Chesterfield vert anglais en dégustant le café glacé qui fait la renommée de l’établissement. Elle abandonne la lecture de son livre, Le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon, pour me saluer. Un sourire bien dans sa peau et un regard terriblement intelligent. Je baisse les yeux. Est-ce-que mes questions un brin midinettes vont faire l’affaire ? Après les présentations d’usage, Je me lance.

Vous vous êtes fiancée à 24 ans, on peut dire que vous n’avez pas perdu de temps, j’attaque maladroitement.

C’est vrai que de tout le cercle de mes amies, je suis la première à sauter le pas et pourtant j’avais toujours imaginé le contraire.

C’est-à-dire ?

Je ne pensais pas rencontrer l’amour aussi vite. A 20 ans, je voulais profiter au maximum de ma liberté, de mon indépendance, mais l’amour en a décidé autrement.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré votre fiancé ?

Dans le cadre de mon stage d’intégration à Sciences Po, nous avions un travail de groupe à construire. Je me suis retrouvée chez des gens que je ne connaissais pas ou à peine, dans un gigantesque appartement haussmanien du 7eme arrondissement, l’appartement familial d’une des filles du groupe, un lieu assez austère.

Antoine, mon futur fiancé, n’était pas plus à l’aise que les autres mais c’est lui qui a tout de suite pris la parole pour expliquer comment il voyait le travail que nous avions à faire et le rôle de chacun de son point de vue. Je me souviens de sa voix, une voix grave, posée, de ses mains, de longues mains qu’il croisait devant son visage pour se donner de la contenance. Il ne cherchait pas à en imposer ou à faire de l’humour mais très naturellement il a détendu l’atmosphère un peu figée. A la fin, il s’est tourné vers moi pour me demander si j’étais d’accord. J’ai dis que oui. J’étais rouge écarlate. Ca paraît dingue à dire mais quand j’ai répondu oui j’ai eu un peu l’impression que je lui disais oui pour la vie et lui aussi. Et pourtant je le connaissais que depuis quelques minutes, ma rencontre a été un coup de foudre véritable et réciproque comme dans les films.

Vous avez attendu la fin de vos études pour vous fiancer ?

Oui, nous avons eu cinq années formidables. Nous étions de tous les projets, de toutes les opportunités qu’offre l’école pour voyager, nous avons passé trois mois ensemble au Viet Nam par exemple.

Vous n’avez pas rapporté votre bague de fiançailles d’un de vos voyages ?

Nous y avons pensé, car acheter une pierre au Viet Nam ou à Bangkok où nous sommes allés aussi, cela aurait eu du sens, mais ce n’est pas si facile. Beaucoup d’expatriés français qui vivent là-bas, nous ont dit que les arnaques étaient fréquentes. Par contre, ce sont ces voyages qui ont définitivement révélé mon amour pour les pierres, toutes les pierres, les pierres fines comme les pierres précieuses.

Comment alors avez-vous choisi votre bague de fiançailles ?

Antoine s’est fait conseiller une adresse par un de ses cousins, la Compagnie des Gemmes, un joaillier négociant en pierres dans le 15e. Au début, ça m’a paru étrange car je situais le quartier des joailliers et des diamantaires plutôt dans le 9e mais ensuite, ça s’est avéré être une très bonne adresse.

C’est-à-dire ?

Nous avons été reçu par une femme charmante et très compétente, gemmologue de formation. Elle n’a pas du tout eu une approche « commerçante » avec nous mais elle m’a fait parler de mes goûts, de ma relation à la couleur. J’adore le jaune et les pierres jaunes. Ensuite, au lieu de me présenter des bijoux elle m’a montré des pierres, des diamants jonquille mais aussi des saphirs jaunes et des quartz jaunes. Elle a couvert de pierres son bureau tout en faisant des croquis pour me donner des idées de monture. Je n’avais jamais vu un tel choix de pierres jaunes même en Thaïlande. A la fin, j’avais retenu un quartz Héliodore d’un jaune très vif mais sa fragilité évoquée par mon interlocutrice me faisait douter un peu. C’est alors que le miracle est arrivé.

Un miracle ! Dites-nous en plus.

Le coursier de la maison est arrivé de l’atelier avec une bague qui venait tout juste d’être façonnée. Une bague « Antoinette » sertie d’un saphir jaune taille coussin splendide. Je l’ai essayée et tout de suite, je me suis sentie à l’aise avec ce bijou. J’ai eu envie de la juxtaposer avec une alliance. On m’a présenté une alliance toute fine, un simple fil d’or.

J’avais trouvé ma bague de fiançailles et mon alliance de mariage. Je me suis tournée vers Antoine sans rien dire, il a dû lire dans mes pensées car il a dit « c’est vrai que celle-ci semble faite pour toi », même la taille de doigt était parfaite. J’ai dit que j’adorais la couleur du saphir, très subtile avec une légère pointe de vert dans le jaune, la pierre est aussi très lumineuse. Antoine lui était sensible à la qualité de fabrication de la bague de fiançailles. Ce sont des gens qui travaillent à la main comme sur la place Vendôme. Antoine m’a pris la main et m’a demandé si je voulais réfléchir. J’ai répondu que non et nous sommes partis avec la bague.

C’est dingue car au départ je voulais absolument faire faire la bague sur mesure et puis le hasard en a décidé autrement.

En tout cas pour moi le hasard fait bien les choses et je considère que j’ai beaucoup de chance.

Merci pour ce beau témoignage


14.12.13

Très bel article et bague superbe ! Je passe devant la vitrine de la Compagnie des Gemmes tous les jours car je vis dans le quartier et cette bague solaire me fait rêver ! Très bon choix :-)

- Marie, 30 ans (Paris)

07.03.15

Magnifique

- Elodie, 28 ans (Paris)

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