Achat diamants #2

Par Frédéric Fontaine - ING Paris

Achat diamants suite

Résumé de l’épisode précédent.

Dans vos voyages du bout du monde, en Australie, en Afrique du sud ou en Namibie, on vous a proposé, à vil prix, un diamant magnifique et pas cher du tout pour réaliser votre bague diamant. Mais la pierre n’a pas de certificat ou le certificat que l’on vous soumet ne semble pas correspondre au diamant, (ne souriez pas, cela m’arrive fréquemment).  Comment faire pour certifier vous même cette gemme tombée du ciel et déterminer si oui ou non vous êtes en présence d’une excellente affaire.

Dans notre premier volet, vous avez appris à qualifier la taille du diamant en terme de symétrie et à appréhender d’éventuels défauts de finition, mais ne vous leurrez pas,  c’est ce qu’il y a de plus facile.

Pour l’instant, vous n’avez aucun élément pour qualifier les proportions de la pierre que l’on vous propose. Sa taille respecte-t-elle les standards de la taille moderne, reflète-t-elle un maximum de lumière, ou, au contraire, êtes-vous en présence d’une pierre mal taillée, d’un diamant qui manque de luminosité à cause de ses mauvaises proportions.

Comment déterminer la profondeur de la couronne, celle de la culasse, la taille de la table et la justesse des angles de ses facettes.

L’idéal serait d’observer le diamant avec un «proportionscope» qui nous donnerait un résultat immédiat et précis mais c’est un instrument de laboratoire qui ne rentrera pas dans votre besace. Tout ce que vous avez sur vous, comme tout bon gemmologue de terrain, c’est une loupe au grossissement 10 fois. Il va donc falloir pratiquer à l’ancienne.

Comment? La compagnie des gemmes vous dévoile quelques secrets de diamantaires en échange d’un peu de concentration, car c’est assez technique.

Les proportions de la couronne

C’est tout d’abord la combinaison entre l’angle de la couronne et l’importance de la table qui va nous permettre de déterminer si votre diamant est bien proportionné (profondeur de la couronne = 15% environ)

Comment identifier ces règles géométriques avec une simple loupe ?

L’angle de la couronne

Un angle idéal  serait de: 34,5°.

Comment savoir si le diamant qui vous est proposé s’en approche ? Observer les facettes de la culasse à travers la pierre, par la couronne. En regardant droit à travers la table, observez les facettes de la culasse disposées en rayons autour de la colette, de la colette au rondiste, (schéma 1, pour trouver le schéma, faites défiler les images ci dessus avec la flèche)

Au point de jonction entre la table et les coins de table (bézels), on peut voir une rupture de la facette de la culasse. Phénomène optique plus ou moins marqué, qui va nous permettre de déterminer si l’angle de la couronne est correct.

L’angle est conforme aux standards de la taille si la « rupture » équivaut à un doublement des facettes de la culasse.

Si l’angle est trop fermé, la « rupture » est quasiment imperceptible. A contrario si l’angle est trop ouvert (pierre épaisse) on verra la totalité de la facette de la culasse (colette comprise).

Un dessin vaut bien mieux qu’une longue explication pas très claire, j’en ai conscience, et je vous invite à vous référer au schéma 2, beaucoup plus explicite.

L’importance de la table

La méthode des courbes. La table est formée par deux polygones quadrilatéraux dont les côtés sont droits, concaves ou convexes (voir schéma). Pour une table idéale (55% à 58% de la surface de la couronne), il faut percevoir une faible concavité (schéma 3).

Des côtés sensiblement convexes témoignent d’une table trop grande.

Soyez vigilant, prenez votre temps pour bien observer votre diamant. Les lapidaires peuvent maquiller une table trop petite ou, a contrario, une table trop importante, en allongeant ou en raccourcissant les facettes en « étoiles » de la couronne.

Si, à l’observation à la loupe, votre pierre présente à la fois un angle idéal et une table ayant de bonnes proportions, vous pouvez être certain que sa couronne est bien taillée, optimisant ainsi le parcours de la lumière.

Les proportions de la culasse

Pour estimer la profondeur de la culasse, il faut également examiner le diamant par la couronne en regardant droit à travers la table.

Cette fois, c’est le reflet des étoiles et de la table sur les facettes de la culasse qui va trahir les tailles épaisses ou au contraire les pierres manquant de profondeur, (œil de poisson)

Les étoiles se reflètent en noir. La table se réfléchit autour de la colette dans une couleur grisâtre.

Plus la culasse sera profonde plus ces reflets seront importants, tout noir pour les pierres épaisses, (schéma 4).

Un peu de pratique est vous serez apte à débusquer les diamants taillés comme des clous ou au contraire les pierres « laxes » qui jouent comme un « œil de poisson », (l’expression manque d’élégance mais c’est un terme de métier).

Tout cela vous semble intéressant mais vous vous posez la question :

Achat diamants

Pourquoi les lapidaires ne respectent-ils pas systématiquement les règles de bonnes proportions pour tailler les diamants ? Sont ils tous incompétents ?

Les lapidaires sont des hommes de métier, qui savent ce qu’ils font (je pense aux bonnes maisons). S’ils sortent des règles des bonnes proportions, c’est volontairement et pour une raison toute simple : tailler des pierres plus lourdes. Le prix du diamant suit une courbe exponentielle en fonction de son poids. Cela peut, pour certains, justifier quelques libertés par rapport au respect des proportions idéales.

10.04.12

Enfin des explications de pro, merci à la compagnie des gemmes, un client fidèle

- Edouard, 55 ans (Paris 8)

12.04.12

C'est agréable de ne pas être pris pour un imbécile comme chez certains bijoutiers qui n'expliquent rien

- Luca, 23 ans (Nanterre)

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