diamant anvers

Diamant Anvers

Par Frédéric Fontaine

Diamant Anvers

En cet après midi pluvieuse de décembre à Anvers, Antwerpen devrais-je dire plutôt, Samir est un jeune homme pressé, pressé d’annoncer la bonne nouvelle à son oncle diamantaire. La pierre exceptionnelle de 5 carats dont il a pris l’initiative de faire l’acquisition la semaine passée a été qualifiée D VS par le laboratoire local du HRD, soit une couleur de mieux que ce que le vieux diamantaire avait pu subodorer. Samir a donc très bien fait d’acheter son diamant et il est content d’avoir pu faire cette bonne affaire pour sa famille qu’il place au dessus de tout. Samir presse le pas pour rejoindre le bureau de son oncle à côté de la gare en plein cœur du quartier des diamantaires. Il ne coupe pas pour autant à travers les espaces verts pour prendre un raccourci. Samir est un Indien Jain, qui pratique le jainisme, une religion basée sur la tolérance et le respect absolu de la vie. Samir est incapable de tuer une mouche au sens littéral du terme, c’est pour cela qu’il ne marche jamais sur l’herbe pour ne pas risquer de faire la peau au passage à un pauvre ver de terre totalement innocent. Sensiblerie, pensez vous. Pourtant, malgré cette sensibilité exacerbée, les indiens jains, ont su prendre le contrôle quasi total de la filière diamant d’une des places les plus importantes au monde et ceci en à peine vingt ans. Les familles juives, les anciens maitres du négoce des diamants ont jeté l’éponge et transféré leur activité à New York ou à Tel-Aviv. Cette prise de pouvoir s’est faite à l’indienne, avec douceur et sobriété, dans un style digne du grand Mahatma Gandhi. Aujourd’hui, la plupart des familles indiennes présentes à Anvers ne se mélangent pas aux autres communautés et habitent généralement le quartier qui jouxte le parc Den Brandt, plus connu aujourd’hui sous le nom de Little Bombay ou de Beverly Hills car les maisons y ont une opulence digne de Bollywood. Pourtant si le faste est parfois présent dans la communauté indienne notamment au moment du mariage des enfants, (on se souvient du mariage du fils Shah qui couta 16 millions d’euro), le suprême défi pour un Indien jain demeure sa capacité à se libérer totalement des contingences matériels comme le père d’un ami de Samir qui après avoir cédé son affaire fleurissante à ses deux fils, parcourt aujourd’hui les routes poussiéreuses du Gujarat en Inde occidentale avec pour toute fortune, son habit de moine couleur immaculée …

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