Lithothérapie

Par Christine Masseron, ING, Docteur en Pharmacie, illustration: Femina.ch

Du grec lithos qui signifie pierre , la Lithothérapie se positionne comme une médecine douce qui

se sert de l'énergie des pierres pour rétablir l’équilibre entre le corps, l’âme et l’esprit.

Les pouvoirs énergétiques attribués aux pierres pourraient être dus à l’impact du soleil qui les chauffent grâce à ses rayons lumineux ou bien à la Terre elle-même au moment de sa formation. Si ces forces sont couramment admises par certains ; la science n’a pu en démontrer ni la cause, ni l’origine. Pour les adeptes de l’utilisation thérapeutique de ces minéraux, il convient de réactiver régulièrement ces forces naturelles et divines accumulées par les gemmes qui ont germé pendant plusieurs millions d’années au sein de la terre. Et c’est là, la porte ouverte à de multiples recommandations allant de la simple exposition un soir de pleine lune à l’enfouissement toute une nuit durant dans la terre...

Tendance BoBo ou bien chimère de malade qui rêve de guérir sans bouger de chez soi ? Toujours est il que l’utilisation des ressources naturelles à des fins médicales est très ancienne comme en témoigne cette antique médication égyptienne dont les papyrus ont conservé la formule depuis plus de trente six siècles:

« Si d’un homme l’estomac est en feu, de la moutarde, de l’hellébore, du salicorne, de l’acomus calamus, du fenouil, de la gomme d’andropogon, du nitre, de la térébenthine de sapin, tu pileras ensemble. A jeun, dans la bière, il boira et guérira ! »

Force est de reconnaître que cette promesse de guérison est bien plus attractive que les notices de nos médicaments actuels qui s’expriment avec l’objectivité contrite du scientifique et la mesure sentencieuse du juriste qui n’échappent pas à un certain négativisme quand ils ne vont pas jusqu’à la pure et simple dissuasion : « contre indications..., prudence.. et bien évidemment « ne pas dépasser la dose prescrite » !

Des tablettes d’argile remontant à 2200 ans avant notre ère révèlent à travers les prescriptions médicamenteuses d’un médecin sumérien, qu’il existait bien à cette époque, une thérapeutique empirique reposant notamment sur l’utilisation de substances minérales comme le soufre.

L’exploitation des pierres ornementales et leur usage très répandu notamment en médecine sont mentionnés dans les écrits les plus anciens. A l’origine, c’est leur couleur qui attira l’attention de nos ancêtres vers les pierres ornementales et les gemmes.

Emeraude et jaspes vert symbolisaient l’espérance et le renouveau et donc l’immortalité parce qu’ils évoquaient les jeunes pousses végétales et les futures récoltes.

Rubis et grenats rouges étaient assimilés au feu et au sang et par là même, devinrent symboles de vie et d’ardeur.

Or et ambre évoquant le soleil furent source de chaleur et de protection divine bienfaisante.

Saphir et lapis lazuli, rappelant le bleu du ciel qui déclenchait orages et tourmentes, devinrent un symbole d’intercession auprès des dieux.

Ainsi les gemmes furent elles d’abord des emblèmes divins dont il était fait hommage aux dieux notamment pour les remercier d’une guérison avant d’être utilisées comme véritables agents protecteurs.

C’est ainsi que Les Grecs utilisaient la poudre de marbre contre les gastralgies et le jaspe rouge comme fortifiant. En Orient, l’antimoine était considéré comme souverain contre les maladies infectieuses et les intoxications alimentaires. Les Indiens d’Amérique connaissaient les bienfaits de l’argile et les effets antiseptiques du cuivre. En Inde, le sulfate de fer était un vermifuge et le salpêtre un diurétique. La Chine du XVIe siècle répertoriait quant à elle plus de 350 substances minérales censées équilibrer ou stimuler les énergies ...

La recherche du semblable et le fait de croire qu’une plante ou un minéral porte dans sa morphologie, sa composition et ses couleurs, les indications de ses propriétés thérapeutiques est très ancienne. Durant le moyen-âge occidental, l’alchimie indiquait très fréquemment les pierres, précieuses ou non, contre les maladies, en respectant la loi de similitude. Ainsi par exemple, l’émeraude pouvait soigner le foie puisqu’elle était verte comme la bile.

L’usage médicinal des minéraux n’a cessé d’évoluer au fil des siècles et certaines pratiques peuvent nous faire sourire aujourd’hui lorsque l’on pense notamment qu’à la Renaissance, on combattait la vérole apportée par les marins de Christophe Collomb en enfermant les malheureux jusqu’aux épaules dans un tonneau sous lequel étaient projeté des braises ardentes de vif argent qui dégageaient de redoutables vapeurs.

Il fut une époque où le plomb a prétendu rendre service aux galeux et aux dartreux mais on aurait tort d’imaginer que l’usage médicinal des minéraux était l’apanage exclusif des vérolés.

Nos jeunes filles n’ont pas été épargné ! A travers un rêve de santé entretenu jusqu’à l’escroquerie, ont émergées au fil des siècles des notions d’hygiène et de beauté étroitement liées. La belle époque met au goût du jour chez les jeunes filles l’usage du fer pour obtenir un teint de rose par crainte d’anémie, de chlorose et de faiblesse qui préfigurent un risque de tuberculose. Ainsi apparaissent « les pilules de Blaud » composées de sulfate de fer, de miel, de sucre et d’une poudre destinée à isoler les deux produits chimiques jusqu’à ce que mis au contact du contenu gastrique, ils génèrent , en se combinant, du carbonate de fer jugé d’autant plus actif qu’obtenu à l’état naissant. Ce sont aussi les pastilles Quevennec au fer et au chocolat qui promettent aux mères « le développement des jeunes filles ».

Si la grande époque des remèdes infaillibles semble révolue, le triomphalisme des médecines dites « alternatives » dont fait partie la lithothérapie revient à la mode à l’heure où l’industrie

pharmaceutique qui a longtemps joué sur l’image d’une industrie citoyenne au service de l’humanité et du progrès scientifique, tente de faire oublier qu’elle répond d’abord aux exigences de ses actionnaires.

La lithothérapie moderne, tout comme la méditation ou bien encore le yoga s’inscrivent dans une démarche active de bientraitance, c’est à dire d’amélioration constante des pratiques de soin. Nous pouvons les considérer comme des outils au service d’une médecine humaniste qui redonne toute sa place à l’individu dans sa globalité.

La devise inscrite au frontispice du temple de Delphes que Socrate reprends à son compte « Connais toi toi même » indique que l’homme doit se porter sur sa nature. C’est en se connaissant soi même que l’on peut trouver la sagesse , découvrir les fondements de son énergie vitale et devenir acteur de sa santé.

Comprendre les forces et les faiblesses de notre corps permet l’optimisation du soin par les pierres, soin fondé sur le ressenti corporel et les flux énergétiques. Les pierres et les minéraux possèderaient des vibrations et des qualités intrinsèques qui les rendent aptes à dénouer les tensions physiques et psychiques par la libération de certains blocages émotionnels. Certaines pierres calmeraient, d’autres stimuleraient, renforceraient ou créeraient une protection.

Placées au niveau des chakras ou portées en pendentif, elles auraient le pouvoir de soulager les organes auxquels elles sont naturellement connectées. Les sept chakras principaux , ou centres d’énergie, sont des points précis du corps par lesquels les échanges énergétiques ont lieu. Leur rôle est de recevoir et d'émettre une énergie vibratoire rythmée qui agit sur les organes. Ils constituent en quelque sorte la porte d’entrée des flux énergétiques et canalisent les énergies cristallines. Chacun d'entre eux est lié à une couleur dominante qui correspond à leur fréquence vibratoire.

L'énergie véhiculée en nous par les chakras doit être régulière et modérée. Malheureusement, un certain nombre de facteurs anxiogènes influent sur l'ouverture de ces centres d'énergie et créent des blocages qui modifient et dérèglent le flux de cette énergie. Si l'un de ces points est fermé, il en résulte des troubles physiques et émotionnels.

Le travail sur les chakras permet de réveiller une circulation d'énergie qui aura une action bénéfique sur le plan physique et spirituel. Un cristal, possédant une vibration propre, va permettre au chakra concerné de se réguler et de se caler sur la bonne fréquence puis, lentement, se rouvrir pour véhiculer correctement l'énergie et offrir à notre corps cette nourriture essentielle...

Cette thérapie holistique est à tout à la fois une philosophie, une science, un art de vivre et de penser.

Si les lithothérapeutes puisent leur force de conviction dans les mythes qui enchantent la magie des pierres et proposent un nouvel art de guérir, les irréductibles scientifiques se fient aux travaux méthodiquement réalisés tout en reconnaissent l’influence du mental sur l’organisme.

Le fait est que tous aspirent à une meilleure santé physique et morale et que la supériorité absolue d’une thérapie sur d’autres, quelle que soit la maladie et les circonstances différentes d’âge, de sexe et de constitution, n’a pas été établie....

Libre donc à chacun de disposer du bien là où il le trouve sans jamais perdre de vue que « l’amour est, comme la médecine, seulement l’art d’aider la Nature... »

(Les liaisons dangereuses - Pierre - Ambroise Choderlos de Laclos )

Christine Masseron

Ref bibliographiques:

Nouveau dictionnaire des pierres utilisées en lithothérapie, de Reynald Georges Boschiero aux éditions Vivez Soleil.

Propriétés énergétiques des pierres et des cristaux de J.M. Garnier aux éditions A.C.V.

Blondeau.A. ; Histoire des laboratoires pharmaceutiques en France. Le Cherche Midi éditeur 1992

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Mortel C.G., Taylor W.F., Roth A., Tyce F.A.: Who responds to sugar pills? Mayo Clinic. Proc. 51: 96-100, 1976.

Rickels K., Downing R.: Verbal ability (intelligence) and improvement in drue therapy of neurotic patients. J. New Drugs 5: 303-307, 1965.

Schumann W ; Guide des pierres précieuses. Delachaux et niestle ; dernière édition

Skrabanek P., McCormick J.: Idées folles, idées fausses en médecine. Odile Jacob Ed., Paris, 207pages, 1992.

TR. Harisson : Principes de médecine interne. Médecine-Sciences Flammarion Ed 1993

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